Quand on remerciait Dieu pour un hiver sans neige !

« Qu’est ce qu’un bon hiver ? ». Aujourd’hui, un habitant de la vallée vous répondra que « c’est un hiver enneigé » et mesurera la bonté de la saison à la fréquentation touristique. Pour un habitant vivant avant 1960, un bon hiver se résumait avant tout à un hiver sans neige. Et il y en avait.

Au Grand-Bornand, des journaux de différents notables et curés de 1770 à 1910 ont été retrouvés. Ils permettent d’avoir une idée assez précise du climat de l’époque.
Trois hivers ont été exceptionnels par leur douceur : 1778-1779, 1796-1797 et 1818-1819.

La Clusaz 12 février 2011 - photo Jean-Philippe Chesney
Dimanche 12 février 2011, seule la neige artificielle subsiste sur les versants de la Clusaz

Le 3 mai 1797, l’auteur, l’abbé Blanc, alors à La Clusaz témoigne :

Nous nous trouvons agréablement surpris de voir la campagne en feuilles, de voir les semailles achevées même au plus haut des Confins. Jamais vivant n’a vu d’hiver aussi agréable. Ayant passé le mois de décembre, janvier et février sans tomber ni pluie ni neige et sans geler pendant la plus grande partie de ces trois mois, pas même dans les Envers, il n’y a jamais eu pendant toute la saison plus de ½ pied (15 cm) de neige et encore n’a-telle pas séjourné plus de 7 à 8 jours dans les adroits.

Plus surprenant encore fut l’hiver 1818-1819. La sécheresse débutée au mois de juin subsiste encore en décembre. Une anomalie climatique qui en suit une autre, celle de la terrible année 1816 que nous évoquerons prochainement. Si 1816, l’année la plus froide des 500 dernières années a marqué profondément la mémoire collective « cette année là, ils ne sont restés que 5 semaines en montagne au col des Annes » se souvient-on, l’automne 1818 apparaît comme une réjouissance :

A la fin de décembre, il y avait beaucoup de fleurs primevères et de violettes dans la campagne et même au col du Reposoir [Colombière]. Aux Bouts [le hameau], il y avait un pré fleuri comme en été. Voici du plus extraordinaire, les oiseaux ont niché en décembre. Au Petit-Bornand, on a trouvé un nid où se trouvaient trois œufs, plusieurs hommes sont allés le voir, ils ont trouvé la mère dessus. Au 1er janvier 1819, il n’y avait point de neige sur les plus hautes montagnes. Il s’est fait une procession sur le territoire des frères Angelloz et autour de l’église en reconnaissance ou plutôt en réjouissance du magnifique beau temps qu’il faisait depuis le 30 mai 1818.

Autres temps, autres mœurs…

Jean-Philippe Chesney


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