Marie Pantalon, le film

Les Amis du Val de Thônes vous invitent à leur prochaine causerie, qui aura lieu le
jeudi 9 juin 2022 à 20h30 à l’espace Cœur des Vallées, 2 Rue du Pré de Foire, à Thônes.

Organisée en collaboration avec l’office de tourisme de Thônes, cette causerie sera consacrée à la projection du film

Marie Suize Pantalon, Itinéraire d’une pionnière

en présence du réalisateur de ce documentaire. François Gaillard.

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Dernières nouvelles de Marie Pantalon…

C’est grâce à Monique Fillion que la figure de Marie Pantalon a été sauvée de l’oubli. Au fil d’articles et de conférences, elle retraça l’histoire incroyable de cette Thônaine qui acquit fortune et célébrité en Californie lors de la ruée vers l’or.

Derniers éléments recueillis sur son incroyable parcours…

Partie du Havre pour San Francisco

Des recherches ont été entreprises auprès des archives de Seine-Maritime pour retrouver le passage de Marie Suize vers la Californie et les conditions de son voyage. Ainsi qu’elle l’affirmait à des journalistes du Nevada à la fin de sa vie (1892),  elle a bien voyagé comme un homme depuis Le Havre jusqu’à San Francisco. Elle est enregistrée comme « voyageur de commerce » sur le livre de bord du Ferrière, un navire tout juste mis à la mer. Quand elle arrive à San Francisco, Cap Horn doublé dans le mauvais sens, elle est la 11ème « Française » [au sens de francophone puisqu’elle est savoyarde et ressortissante du Royaume de Piémont-Sardaigne] à débarquer dans cette ville (1).

Extrait de la liste des passagers du Ferrière en juin 1850

Un témoignage précieux est donné par une lettre de Maurice Lacombe, de Scionzier (Haute-Savoie), à sa famille, en 1891 :

De ce moment, je travaillais avec une demoiselle de Tône qui m’a raconté l’histoire de Gimet de Reposoir et de Jakard de Châtillon. C’est elle qui la donné l’argent pour le voyage. En 1850, elle s’est fait couper les cheveux, acheté des bottes, elle c’est habillé en homme et a partit a la recherche de l’or.

Le « Jakard » en question correspond à François Jacquart, également inscrit comme voyageur de commerce et compagnon de Marie sur le Ferrière. Notons que le sexe de cette dernière n’est pas mentionné dans la liste des passagers et qu’elle porte un prénom alors opportunément commun aux hommes et aux femmes !

« Jeanne d’Arc » puis « Marie Pantalon »

Chercheuse d’or chanceuse, Marie exploite des filons fructueux avec ses équipes. C’est elle qui signe les accords, mène ses troupes et sait défendre ses tunnels les armes à la main. Des Canadiens et le « Kennedy Gang » sauront combien il en coûte de s’attaquer à la « Jeanne d’Arc », son surnom. Elle gagne son autre surnom « Marie Pantalon » au fait qu’elle porte toujours ce vêtement qui lui va mieux que tous les autres, aux dires de ses concitoyens.

Évidemment, elle n’échappe pas aux procès ni aux amendes pour avoir transgressé l’ordre : le travesti est alors interdit en Californie, comme au Nevada. Trois fois on voudra la contraindre à s’habiller en femme, d’autant qu’elle prétend bénéficier d’une vieille loi espagnole toujours en vigueur en Californie, permettant aux femmes seules d’exploiter un petit commerce sans payer l’impôt ! Elle paiera toutes les amendes mais restera fidèle au pantalon.

Femme d’affaires avisée, elle achète des terres pour exploiter non seulement le sous-sol mais aussi mettre en valeur la riche terre en surface. Première à produire du vin dans cette partie de la Californie, elle possèdera 30.000 pieds de vigne, cépage Zinfandel, d’origine hongroise, venant probablement de l’est des États-Unis. Elle produit d’autres fruits et aussi des mûriers. Elle est alors propriétaire d’un ranch prospère, réputé pour son vin et son brandy, qu’elle vend dans les magasins de Virginia City (Nevada) ou de San Francisco. Ses annonces dans les journaux pour promouvoir ses produits parlent de Madame Mary Suize Pantaton, ou de Mrs Pants, selon la respectabilité qu’elle veut se donner.

Publicité de 1870 pour le vin produit par Marie Suize Suize

Mais elle aime aussi jouer en bourse, pouvant aller jusqu’à perdre 150.000 dollars en une seule séance. Finalement, elle se laisse entrainer dans l’aventure du Comstock Lode, ce filon d’or et d’argent qui promettait monts et merveilles et qui la ruinera, comme tous les autres.

Morte dans l’anonymat

Ainsi, celle qui selon Maurice Lacombe, « nous dit souvent à moi et à Tardy qu’elle a rempli une caisse d’un mêttre cube d’or. Mais où est ce temps ; il y en a encore, mais plus rare », est morte sans un sou, enterrée dans une tombe inconnue. Celle qui en 1870 déjà, était présentée comme la championne de la revendication pour les droits des femmes en Californie, n’a pas eu droit à la moindre pierre tombale.

Injustice réparée le jour du 180ème anniversaire de la naissance de Marie, par la pose d’une plaque commémorative, lors d’une cérémonie conjointe du comité d’histoire local et des Amis du Val de Thônes. C’était à Jackson, comté d’Amador, en Californie, le 14 juillet 2004.

Cérémonie pour la pose de la stèle commémorative en 2004 à Jackson

Monique Fillion (†)

Sources

(1)- Claudine Chalmers, L’aventure française à San Francisco pendant la ruée vers l’or, 1849-1854, doctorat de civilisation américaine, Université de Nice, 1991.

Cet article est constitué de courts extraits de : Dernières nouvelles de Marie Suize alias Marie Pantalon, héroïne californienne de la ruée vers l’or, par Monique Fillion, pp. 64-66, in Des hommes, des lieux, des histoires, sous la direction de Monique Fillion, collection Amis du Val de Thônes n° 31, 2015.

Autres articles sur le sujet

Par Monique Fillion : 

  • Les chercheurs d’or en Californie et en Alaska, par Monique Fillion, pp. 91-98, in Emigrants de la vallée de Thônes dans le monde, sous la direction de J.-B. Challamel, collection Amis du Val de Thônes n° 16, 1991.
  • Dames de Haute-Savoie partout dans le monde, par Monique Fillion, pp. 165-174, in La femme dans la société savoyarde, XXXIVe congrès des sociétés savantes de Savoie, Saint Jean de Maurienne, 1993, publié par la Société d’histoire et d’archéologie de Maurienne, Tomes XXVII et XXVIII, 1992-1993.

Voir aussi l’article du journal Le Monde

Les Frères Girod : des Américains à Thônes – Vendredi 14 juin

Les Amis du Val de Thônes vous invitent à leur prochaine causerie, qui aura lieu le vendredi 14 juin 2019 à 20h00 au 1 rue Blanche à Thônes, dans la salle des « 2 Lachats » située au-dessus de leur local d’exposition.

Elle sera animée par Jean-François Campario, Membre des Amis du Val de Thônes et aura pour thème « Les frères Girod : des Américains à Thônes« .

Grâce à des archives et documents peu explorés, il nous semble possible de retracer plus précisément l’itinéraire souvent romanesque de ces trois frères partis de Thônes en Louisiane, dont l’esprit d’entreprise et la réussite ont ouvert le plus fort courant migratoire de la Vallée vers les Amériques pendant tout le XIXe siècle. Continuer la lecture de « Les Frères Girod : des Américains à Thônes – Vendredi 14 juin »

Hommage à Monique Fillion

Monique Fillion, Présidente d'honneur des Amis du Val de Thônes
Monique Fillion, Présidente d’honneur des Amis du Val de Thônes

Les Amis du Val de Thônes n’oublieront pas l’enthousiasme et l’amour qu’elle portait à l’histoire du Val de Thônes, ainsi que ses immenses connaissances de la vie de ce pays. Elle aimait transmettre tout cela avec passion et partageait sans relâche ses trouvailles et découvertes. Son départ le 21 septembre 2016 nous laisse un grand vide.

Charles-Félix, le « bien aimé »

Les Amis du Val de Thônes vous proposent une causerie ouverte au public, entrée libre, le vendredi 4 décembre 2015, 20h30, salle des fêtes de Thônes :

Charles-Félix le « bien aimé », le plus savoyard des rois de Piémont-Sardaigne

par Jean-Henri Viallet, vice-président de l’Académie florimontane. Continuer la lecture de « Charles-Félix, le « bien aimé » »

Des prix Nobel à Thônes

Des prix Nobel ont séjourné à Thônes !

Le plus récent, Patrick Modiano, prix Nobel de littérature en 2014

Patrick Modiano
Patrick Modiano
(Par Frankie Fouganthin — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons)

La rue des boutiques obscures, l’un de ses premiers ouvrages en 1978, nous ramène dans le Thônes des années soixante, lorsqu’il était élève du collège Saint-Joseph où il passa deux années. On voyait sa haute silhouette descendre la rue de la Saulne, remonter les Arcades jusqu’au début de la rue des Clefs où il logeait. La tête un peu penchée, déjà perdu dans des pensées qui l’emportaient loin du décor qu’il évoquerait plus tard plus tard dans son roman.
Sa réponse « c’est bizarre » à l’annonce de sa distinction, correspond bien au personnage que la télévision nous a montré. Secret, peu médiatique, il étonne par la grande différence entre sa belle écriture fluide et sa lente expression à l’oral. A Saint-Joseph déjà, l’abbé Accambray, son professeur, avait remarqué son talent littéraire. Modeste, il a refusé d’entrer à l’Académie française. La crainte du discours d’entrée, aurait-elle aussi pris part à sa décision ? On attend celui de son Nobel à Stockholm en janvier 2015 !
Il est l’auteur d’une trentaine de romans intimistes, souvent axés sur la période de « l’Occupation » qu’il n’a pas connue. « Son style s’est affiné au fil des ans avec une écriture au laser où un seul mot peut être tout un monde » dit Antoine Gallimard, son éditeur. Paradoxal, cet outil futuriste pour ciseler des mots qui dessinent le passé…
Patrick Modiano est né en 1945 à Boulogne-Billancourt. « Un Pedigree », son ouvrage de 2005, retrace une partie de sa vie autour du lac d’Annecy, notamment.

Claude Cohen-Tannoudji, prix Nobel de physique en 1997

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Claude Cohen-Tannoudji
(By Amir Bernat, CC BY-SA 4.0-3.0-2.5-2.0-1.0, via Wikimedia Commons)

Claude Cohen-Tannoudji est un physicien français de renom. Il est titulaire de nombreuses distinctions scientifiques internationales dès 1963. Le prix Nobel de physique lui est décerné en 1997, ainsi qu’à Steven Chu et William D. Phillips, pour leurs recherches sur le refroidissement et le confinement d’atomes par laser.
Au milieu du XXe siècle, il a fait partie de ces familles d’estivants venus de l’autre rive de la Méditerranée pour passer les mois d’été à la verte fraîcheur du Val de Thônes. Il résidait alors à l’hôtel  « Le Plainpalais », rue de la Saulne. Il a gardé et cultive de solides amitiés avec des jeunes de son âge qui habitaient Thônes et qui ont aussi fait carrière à Paris.  Même s’il ne revient que rarement dans nos parages, aujourd’hui sa destination provinciale dans les Alpes est davantage dans l’Isère,  il évoque toujours les excursions à la Tournette, suivies d’une fondue dans les cafés des Arcades ou de la place Avet, ainsi que le parfum des cyclamens cueillis au Torchon !

Monique Fillion

Sources

Robin des Bois à Manigod, ou l’incroyable odyssée de Claudy Fillion-Robin

Pour illustrer le sobriquet de plaidieux que l’on donnait aux habitants de Manigod, voici l’aventure incroyable du sieur Claude Fillion-Robin, le Robin des Bois de Manigod… dont nous devons l’évocation à la plume alerte de Michel Voisin, telle qu’elle a été contée par Monique Fillion lors de la causerie du 07 février 2014.

L’histoire débute en l’année 1762, lorsque dame Dupont, comtesse de la Barre, vend la seigneurie de Manigod au notaire de Thônes Jean-François Missillier. Ce dernier se comporte aussitôt en véritable tyran. Il fait valoir ses prérogatives avec une telle intolérance, avec un tel despotisme que le conseil municipal manigodin adresse bientôt une supplique au roi de Sardaigne (2) pour qu’il oblige le notaire thônain à rétrocéder ses droits à la commune en échange d’une somme à définir.
Les sieurs François Veyrat et Claude Fillion-Robin reçoivent alors délégation officielle pour établir et négocier l’accord. Mais le notaire traîne les pieds. A tel point qu’il ne faut pas moins de quatre années et treize voyages des deux délégataires jusqu’à Chambéry, où se trouve l’administration royale, pour mettre au point un contrat de vente qui soit acceptable par les deux parties.
Enfin, après les dernières tergiversations, une réunion publique à Manigod, le dimanche 21 septembre 1766, adopte les termes définitifs d’un projet de cession. Et le 31 décembre de la même année, pour la somme de 9.500 livres, la commune de Manigod se libère de tous les droits et privilèges dont les seigneurs feudataires avaient joui jusqu’ici. Débarrassée du joug du notaire, Manigod devient ainsi légalement une commune libre ! Du moins le croit-elle !

Car le notaire Missillier, qui n’a consenti à cette vente que sur l’ordre royal de Charles-Emmanuel III, porte l’outrecuidance jusqu’à faire table rase de la majorité des accords. Il s’estime, entre autres, toujours propriétaire des droits de chasse et de pêche. Le conflit dure encore une éternité ! Ainsi, en 1774, un dénommé Claude Burgat domicilié aux Pythières, qui a tué un lièvre déambulant près de sa ferme, se voit-il infliger une amende par le notaire thônain. Et comme le pauvre Burgat ne peut pas payer, le notaire ajoute frais sur frais à la somme initiale. L’affaire s’envenime à tel point que Missillier fait saisir la seule vache que possède le pauvre Burgat… Un huissier nommé Bachoud, escorté de ses sbires, monte de Thônes pour s’emparer de l’animal.
Mais les kidnappeurs n’allaient tout de même pas redescendre dans la vallée avec la bête. Ils n’allaient tout de même pas la nourrir tout l’hiver afin d’espérer la vendre à la prochaine foire qui ne se tiendrait qu’au printemps !
Non, l’huissier conçoit aussitôt un plan génial : vendre aux enchères l’animal saisi aux Pythières. Quand ? Mais à la sortie de la messe de Manigod, bien sûr, puisque c’est à ce moment-là que l’on trouve le plus de monde sur la place du village !

La scène se passe un dimanche de janvier 1775. Aux fidèles qui sortent de l’église, l’huissier, entouré de ses valets armés, propose :
« Qui veut ma vache ? Qui veut ma vache ? »
Et la foule de répondre unanimement : « Personne ! Personne ! »
Le vendeur insiste : « C’est une affaire ! Vous l’emporterez pour un très bon prix ! »

Mais le public est de plus en plus scandalisé devant l’arrogance des gens délégués par le notaire. Après une tentative de conciliation négociée par le syndic (3) M. Bernard-Bernardet, les Manigodins arrachent l’animal des mains de l’huissier et le rendent à son ancien propriétaire qu’une escouade de protection accompagne chez lui avec sa bête.

L’affaire suscite bientôt un retentissement considérable.
Auprès du Sénat de Savoie à Chambéry, le notaire Missillier, jouant les personnages outrés, fait passer cet incident pour une émeute populaire, pour une révolte séditieuse contre l’autorité de Sa Majesté le Roi. Et comme des prémices de révolution (un vent venu de France) commencent déjà à affoler les hautes autorités royales, le notaire enlève la décision : oui, disent les juges, il a bien été spolié ; oui, on a bien bafoué l’autorité royale sur la place de Manigod !

Dès le début février, un mandat d’arrêt est adressé aux carabiniers royaux qui viennent saisir François Bernard-Bernardet, le syndic de Manigod et tout son conseil municipal, pour les conduire dans les prisons annéciennes du Palais de l’Isle. Tous ? Non, tous sauf un… Car il manque un protagoniste à l’appel : un certain Claudy Fillion-Robin.
Cet astucieux conseiller a anticipé l’événement. Lors de l’arrestation de ses collègues il s’est habilement caché. Puis, comprenant qu’il n’y a rien à attendre du Sénat de Savoie basé à Chambéry, assemblée toute acquise au notaire Missillier, il entreprend de se rendre à la Cour du Roi à Turin, muni d’une procuration lui permettant d’officialiser sa démarche.

Le succès n’est vraiment pas garanti d’avance. Dans la capitale du Piémont, et du Royaume, il ne faut pas moins de trois mois d’obstination à notre messager. Multipliant sollicitations et suppliques à la cour, il arrive, enfin, à faire authentifier de la main même du roi, les franchises de Manigod. Ainsi la saisie de la vache était-elle illégale ? Oui ! Et l’arrestation du Conseil municipal de Manigod totalement injustifiée ? Oui, deux fois oui ! Toutefois un nouvel obstacle se dresse, encore, sur la route du valeureux Claudy.
Nous sommes toujours à Turin où Claude Fillion-Robin fait, depuis trois mois, le siège de la cour du roi Victor-Amé III (1). Sa majesté a reconnu dans leur totalité les bons droits de la commune de Manigod. Toutefois, si le recours, de la part du roi, a été obtenu gracieusement, l’entérinement de tous les documents par l’administration de la Cour est, lui, bien payant. On réclame 200 livres au pauvre Claudy ! Or il n’a plus un seul sou ! Va-t-il être contraint de repartir bredouille ? Heureusement non. Car sa détermination émeut le comte d’Arâches, messire Félix Bertholozon, du Faucigny, qui consent à avancer la somme exigée. Ouf !

Notre Claudy reçoit enfin, l’authentification de son précieux viatique : l’attestation royale permettant l’élargissement de tous ses collègues du conseil municipal injustement incarcérés… De retour dans son village, il annonce la bonne nouvelle à la population. Puis il se rend à Chambéry, au Sénat de Savoie, pour faire valider, de ce côté des Alpes, tous les documents visés à Turin.
Quelques jours de patience encore et, enfin, Claude Fillion-Robin peut envoyer une missive à Manigod demandant aux épouses et aux amis des conseillers emprisonnés d’atteler sept juments et de les amener à Annecy, jusqu’aux portes de la prison. Ce qu’ils s’empressent d’exécuter.

Toutefois, en traversant la ville de Thônes, cette cavalcade singulière intrigue tellement le notaire Missillier qu’il se met à la suivre de près, jusqu’à Annecy. Ici l’attend une bien désagréable surprise. En effet, lorsque les conseillers, tout heureux de leur élargissement, gaillardement juchés sur juments et charrettes, accompagnés de tous leurs proches, se trouvent réunis sur le Pâquier, ils aperçoivent le notaire Missillier qui arrive en ville par la route de Thônes. Claudy et sa troupe passent devant l’ex-seigneur de Manigod en redressant fièrement la tête tandis que la foule des accompagnateurs se permet moult quolibets vengeurs.
On devine que les 27 km du retour se passent dans l’allégresse. Et quand la troupe approche du chef-lieu du village, le curé Terrier fait carillonner la grande cloche de l’église. Cette initiative permet alors à une foule nombreuse et enthousiaste d’accueillir ses héros dans une liesse générale.

Quant à Robin, il mériterait bien qu’on lui élève une statue à l’entrée du village pour son obstination et le succès heureux de ses démarches.

Monique Fillion

Notes

(1) On a longtemps dit, indifféremment, Amé ou Amédée.
(2) Dans la suite des Ducs de Savoie, Victor-Amédée II (1675-1730) fut le premier Roi de Sardaigne. Il fut suivi de Charles-Emmanuel III (1730-1773) puis, par Victor-Amédée III (1773-1796).
(3) En 1738 les communes de Savoie avaient toutes reçu une administration uniforme. Les anciennes assemblées de « communiers » propriétaires furent, alors, remplacées par des Conseils présidés par un syndic (équivalent de notre maire actuel).


Sur le même thème

Marie Péchoux (1914 – 2014)

Ces dernières semaines, les Amis du Val de Thônes ont eu une grande joie suivie d’une grande tristesse. Le 23 mai, quelques-uns d’entre nous sont allés à l’EHPAD Joseph Avet fêter le 100e anniversaire de Marie Péchoux, née Bibollet, membre fondateur de notre association dont elle était devenue l’image emblématique.

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Les AVT fêtent les 100 ans de Marie Péchoux, le 23 mai 2014

Marie a été la première centenaire des Amis du Val de Thônes. Avec des rissoles à l’ancienne, pour lui rappeler celles de son enfance, nous lui avons souhaité un bon anniversaire. Elle nous a remerciés de son beau sourire sous ses yeux bleus pétillants. C’est le souvenir que nous garderons d’elle, toujours disponible, les mardis ou jeudis après-midi pour montrer les gestes ancestraux liés au travail de la laine. Elle connaissait son rôle par cœur, expliquant derrière son rouet comment prendre les flocons cardés, comment appuyer régulièrement sur la pédale et à quoi servait la plume accrochée près de la bobine. Avec sa coiffe et sa croix de Savoie, elle faisait le bonheur des touristes de passage, prenant la pose dès qu’on l’en priait. D’année en année ceux qui revenaient nous demandaient de ses nouvelles, si par hasard elle n’était pas présente à la galerie.

L’après-midi du vendredi 13 juin, nous l’avons accompagnée pour son dernier voyage. Elle a rejoint son mari André et sa petite sœur Fernande avec qui elle formait une équipe de fileuses, uniques et si précieuses aux Amis du Val de Thônes.

A ses neveux et nièces, nous disons toute notre sympathie et notre gratitude pour les longues années où Marie a été non seulement une mémoire mais une âme des Amis du Val de Thônes.

Retrouvez-la en images dans cette vidéo :

Vidéo : Jean Vuarchex et Christian Lavillat, © Amis du Val de Thônes, réalisation en 2008 à la galerie des Amis du Val de Thônes

Saint Pierre Favre et les Chartreux

Dans le cadre de la « Nuit des églises », les Amis du val de Thônes vous invitent à une conférence le 5 juillet 2014 à 20h00 à l’église du Reposoir (74950), sur le thème :

« Saint Pierre Favre et les Chartreux
Itinéraires européens croisés »

Par Monique Fillion, présidente des Amis du Val de Thônes. Continuer la lecture de « Saint Pierre Favre et les Chartreux »